Dora García : Achronies, uchronies et récits factuels

Au centre d’art du Beursschouwburg, l’artiste proposera des mastercalls basés sur sa production cinématographique des dix dernières années.
À travers ses œuvres The Joycean Society ( 2013), Second Time (2018) et Red Love (2024), l’artiste explore trois concepts clés de ses projets : l’uchronie, les acronymes et la narration fractale.
Dora García présentera l’uchronie comme une stratégie de fiction spéculative, un exercice d’imagination politique qui pose des lignes temporelles alternatives ou des scénarios hypothétiques (par exemple, que se serait-il passé si l’Allemagne avait gagné la Seconde Guerre mondiale). Elle analysera comment l’uchronie offre un cadre pour repenser les récits sociaux, historiques et politiques.
Elle explorera ensuite l’achronie, un terme inventé par la sociologue allemande Elisabeth Lenk pour désigner le pendant de l’utopie. Les acronymes ne représentent pas l’absence de temps, mais son excès, les époques s’effondrant les unes sur les autres comme les pieds pliants d’un trépied ou des poupées russes. García réfléchira à la manière dont cette idée suggère un modèle différent pour l’avenir : non pas un lieu idéal ailleurs, mais une simultanéité de passés et de futurs convergeant dans le présent.
Le troisième concept, la narration fractale, sera abordé comme une forme de narration inspirée de la géométrie fractale. García expliquera comment cette structure peut être appliquée au langage, à l’histoire (comme la résurgence récurrente du fascisme) et à la littérature, avec le Finnegans Wake de James Joyce comme premier exemple.
Pour ancrer ces concepts dans la pratique, Dora García guidera les participants à travers une série d’exercices : en recréant le cadre de The Joycean Society, les participants liront et essaieront de déchiffrer certains paragraphes de Finnegans Wake. En outre, Dora García invitera les participants à imaginer des moments historiques spécifiques dans lesquels une intervention aurait pu modifier le cours de l’histoire.
Dora García
Dora García (Valladolid 1965) vit actuellement à Oslo. Son travail artistique se concentre principalement sur les nouveaux médias dans les domaines de la performance et de l’audiovisuel. Dans sa pratique artistique, elle utilise l’espace d’exposition pour étudier la relation entre le spectateur, l’espace et l’œuvre d’art. Elle a participé à des expositions d’art internationales telles que la Biennale Manifesta (1998), la Biennale d’Istanbul (2003) et la 13e Documenta de Kassel (2012). Elle a représenté l’Espagne à la 54e Biennale de Venise (2011) avec le projet Lo Inadecuado, qui a transformé le pavillon espagnol en une plateforme de réflexion, de critique et de débat sur la marginalité.
En 2014, elle a réinventé les 18 Happenings in 6 Parts à la Fondation Antoni Tàpies à Barcelone et en 2018, le Musée Reina Sofía lui a consacré l’exposition solo : Second Time. En 2018, à l’occasion du 40e anniversaire de la Constitution espagnole, sa performance Innstant Narrative /IN) a été sélectionnée parmi les œuvres provenant du Museo Centro de Arte Reina Sofía pour être représentée dans l’exposition The Power of Art.